vendredi 7 octobre 2011

C’est fashion week chez LePaf.
Les flashes crépitent,  le tout chez moi est là pour admirer les dernières créations vestimentaire de la tribu Pafienne.

Alors que des murmures d’impatience commencent à se faire entendre, MonAiné s’avance.
Sobre et sombre, formes moulantes et couvrantes jusqu’au col roulé du sous-pull. Classicisme sans fioriture conjugué avec un expressionisme fort : l’injustice qu’est la vie même pour l’âme pure de MonAiné s’étale en étoffes se dégradant du noir à l’anthracite. On notera tout de même  l’allégement du rigorisme par la rêveuse ébouriffure des cheveux. Dans le noir on regarde le ciel, les bas-côtés et on se réfugie dans la fuite en biais.

Contraste fort avec  MonTerrible. Explosion de couleurs, superposition de tissus et de motifs. MonTerrible veut tout embrasser, tout cumuler ne rien perdre, pas même une miette car une miette seule serait un drame volcanique et absolu – comme le flamboiement de sa tenue.
L‘élégance est dans la profusion, l’éclat. La démarche est chaloupée, rythmées d’œillades en directions du public et autres mimiques travaillées au miroir des années durant.

Œillades toujours avec MaPrincesse, mais dans un ensemble plus tenu, moins porté sur l’exubérance. L’accent est mis sur le fonctionnel. Pantalon ample, apte aux mouvements et crapahutages. Les articulations s’exhibent aux usures : signes du vêtement qui vit. C’est dans l’accessoire que vient se nicher la coquetterie discrète : chouchou colorés, barrettes étoilées, bracelets pailletés assaisonnent la ligne sportive sans gêner le mouvement lequel est l’essence de la beauté selon MaPrincesse.

Mesdames et Messieurs, c’est avec cette dernière présentation que s’achève cette collection 2011-2012, présentée en direct du foyer Pafien. Nul doute que nous en reparlerons prochainement.




LePaf en toque :
A billet sous le signe du dernier chic, recette qui en jette (enfin, un peu).

vendredi 30 septembre 2011

Parfois LePaf est chef chez soi.
Pas chef de famille, non. Si ce rôle avait encore une existence légale il reviendrait à ChèreÉpouse de l’endosser.
Il ne prétend pas non plus régenter toutes et tous sous son plafond de plâtre, mais croit vous avoir déjà touché deux mots de ceci.
Pour autant il lui arrive de donner des ordres et d’être obéi.
Oui.

Ça n’a l’air de rien mais apprenez que LePaf a passé plus de temps dans sa vie à obéir qu’à commander. Lors de sa vie d’avant, celle des openspaces, des chèques déjeuner et cafés dans des gobelets plastique, il avait au-dessus de sa tête toute une ribambelle de supérieurs quand sous ses ordres s’étalait un désert sans trace de vie aucune.
Aussi quand pour la première fois il a fallu faire preuve d’autorité devant MonAiné, LePaf eut durant de longues secondes le regard d’une poule tâtant du bec un Leatherman.
(Assez proche, en vérité, du regard DuPaf lui-même devant le Leatherman que ChèreÉpouse déploie à l’occasion d’époustouflantes séances de réparations/transformations d’objets.)

Mais années et bouteille prises n’auront pas été inutiles et, bien que je ne me fasse pas trop d’illusions sur mes réelles capacités au leadership – comme disaient mes collègues du temps des open-spaces, etc. – je n’ai eu pour l’instant jamais eu à faire face à d’authentiques épisodes de mutinerie.

Mais en même temps que LePaf apprenait le commandement, mes enfants apprenaient la dissimulation et tout enivrant que puisse être le pouvoir sur ses ouailles, il faut pour en goûter pleinement les effets grisants, savoir fermer les yeux sur les grimaces esquissées, les imitations grotesques, blagues dénigrantes suivis de rires sous cape et autres insubordinations qui pullulent une fois un ordre émis.

LePaf trouve d’ailleurs que si lui fait de tels efforts, ses enfants pourraient, de leur côté, travailler à davantage de discrétion.





LePaf en toque :
Ah, ça, devant Attila, on ne devait pas moufeter. Et si, en tordant un peu la théorie des signatures, on espérait d’un plat aux Hunes origines, un peu du respect que ces fiers cavaliers imposaient ?
Et si, on se lançait dans un tartare de saumon ?

vendredi 23 septembre 2011

LePaf croit aux vertus éducatives des histoires. Un récit, une morale et le bambin édifié filera doux et droit jusqu’à sa crise dite d’ingratitude.

C’est ainsi qu’un après-midi de retour d’école j’installai MonTerrible sur mes genoux pour lui compter la terrible et merveilleuse histoire de ma grand-tante Mimi.
Jusque là épouse dévouée et sans histoire l’arrivée des allemands en 1940 conduisit sa raison à partir pour un exode définitif.
Dès lors, elle se mit, en plus d’un délire verbal continu et d’une tendance à prendre son interlocuteur pour telle ou telle célébrité, à adopter toute une série de comportements déroutants.

Par exemple :

-    Au moment de passer le balai ou l’aspirateur, elle retournait systématiquement vers le mur radio et télévision, par ce que ces « salopes regardaient sous ses jupes ! »

-    Persuadée que la victoire des alliés n’était qu’une ruse elle pensait que ces derniers avaient laissé un peu partout de terribles et agressifs microbes contre lesquels ils fallait agir sans faiblir. Et de passer aux détergents sols et murs mais aussi l’ensemble des objets de sa maison et son extérieur, ainsi que ses différents habitants. Qui n’a jamais croisé le regard d’une chèvre en train de se faire javelliser ne connait pas la panique.

Tante Mimi avait aussi l’habitude de remplir les multiples poches de son tablier, ainsi que les espaces entres les multiples couches superposées qui constituaient son vêtement de tout ce que ceux-ci pouvaient contenir et passaient à proximité des ses mains vives à chaparder.
Avec quelques années de recul, je me dis que cette pulsion d’accumulation a sûrement aussi son origine dans ces années de privations qu’on décrit comme les plus sombres de notre histoire.
Mais à l’époque c’est cette manie que je trouvais la plus étrange (et la plus dangereuse pour mes billes, Malabars et autres trésors d’enfance qu’il m’était donc interdit de laisser trainer).

Vint alors le moment de dire à MonTerrible que non, ce n’est pas par cruauté que je l’empêche de ramasser tout ce qui sur le trajet du retour semble à ses yeux suffisamment éloigné d’un déchet décomposé. Il aurait aussi fallu lui faire comprendre qu’il n’y avait rien de scandaleux à vider une bonne part du contenu de ses poches dans les poubelles, et que la norme était de mon côté.
Il aurait fallu mais ma conclusion s’est interrompue devant les yeux furieux de ChèreEpouse, très contrariée à l’idée qu’on puisse comparer un de ses enfants à mon aïeule siphonnée.
Conclusion qui aurait été de toute manière mise à mal par le meuble partiellement cabossé qu’elle venait de ramasser sur le trottoir et qui, après quelque coups de marteau et de peinture dont elle a le secret fera comme d’habitude l’admiration de nos convives.
LePaf devra donc trouver autre chose pour édifier son fiston et, en attendant, devra privilégier la fourberie d’un vidage de poche en cachette de celui-ci.
 



LePaf en toque :

Tiens et si on rentabilisait la demi-tonne de châtaignes que MonTerriblerapporte quotidiennement en saison. Et pour ceci, que diriez-vous d’un velouté de châtaignes ?

vendredi 16 septembre 2011

Derrière nous les beaux jours, enfin aussi beaux que la Bretagne peut en offrir.
Terminées le grand air propre à oxygéner une smala revigorée, iodée et exposée aux embruns bretons, à la verdure qui égaye l’humeur et marque à vie les bermudas trop clairs et même pas encore usés.
LePaf lui-même mit à profit ces quartiers d’été pour se refaire une condition physique à coups, bien tempérés, d’activités sportives.
Ainsi, la jambe galbée et bronzée sous le jean, les poumons remis à neuf c’est un Paf affuté qui a repris les courses quotidiennes entre les différents points de dépôt d’enfants.
Dépôts qui ne se sont pas faits sans serrements de cœur et yeux humides alors même qu’on passait une partie de l’été à les attendre avec impatience.
Les bambins,eux n’ont pas semblé perturbés par cette séparation.
MaPrincesse était pressée de montrer à ses copines combien, en deux mois, ses cheveux ont poussé et sa langue s’est pendue.
MonTerrible piaffait d’impatience à l’idée de pouvoir fouler à nouveau les tatamis dans son kimono de super héros leplus fort du monde.
Seul MonAiné fit preuve de réticence.
Pas vraiment une surprise dans la mesure où il n’a jamais fait montre d’une affection délirante pour la scolarité.
Mais cette année, il s’est trouvé un complice surprenant pour entretenir sa défiance.
Dans un magazine censé représenter l’excellence de la bonne éducation il arécemment luque l’enseignement était obligatoire mais pas l’école.
Il s’est bien sûr mis à réclamer un professeur à domicile avec force sanglots et poignées de « c’est pas juste ».
Le même journal sorti d’un groupe de presse se voulant sans peur et sans reproche lui avait également appris qu’il était déconseillé de donner des devoirs écrits aux élèves de primaire,le faisant passer de l’archi mauvaise volonté au refus furieux.
La rentrés s’annonce sportive, il va falloir la conserver cette condition physique.





LePaf en toque :

Cette année, LePaf pratique se concentrera sur les seuls fourneaux (d'où le changement de nom).
La rentrée, période des bonnes résolutions. Cette année, c’est promis, on mangera sain tout en surveillant les cordons d’une bourse, elle, déjà mince.
Alors voici une recette qui répond à ces deux exigences et possède aussi l’avantage d’avoir un nom italien des plus plaisant à prononcer quand il s’agit de présenter le plat :Pesceall'acquapazza :

mercredi 20 juillet 2011

LePaf au taf : saison 1 - dernier épisode

Et voilà.

L’année scolaire est terminée, les autoroutes se sont remplies puis dévidées sur plages et montagnes.
L’heure pour LePaf de se mettre au glaz dans son Penn-ar-Bed de prédilection.
Ce qui implique la fin de cette première saison du Pafautaf. Saison  au cours de laquelle je vous aurai, sans grande pudeur, présenté ma grande petite famille, dévoilé mes doutes, mes faiblesses, petites gènes et autres grands pouvoirs.

Je ne vous cacherai pas que ces vacances sont toutes relatives dans la mesure où ma progéniture sera présente durant une partie d’entre elles.
Une partie, dis-je.
Quelques jours (deux ou trois poignées) pouvant a priori être tout consacrés à un intense farniente.

Il n’est pas exclu – pas certain non plus – que je ne me permette quelques cartes postales estivales ici postées.

En attendant, place à ces sains défouloirs que seul le grand air permet.



Chères lectrices, chers lecteurs, je vous embrasse et espère vous retrouver nombreux et en forme aux premiers jours de septembre.

vendredi 24 juin 2011

LePaf a parmi ses multiples talents un pouvoir.
Je veux dire un vrai pouvoir, magique, de ceux qui riment avec grande responsabilité, sauf que ça ne rime pas. Vous me suivez toujours ?
Bien.
Alors voici : LePaf a les pouces noirs.
Confiez-lui une plante, la plus robuste que vous connaissez, elle ne lui résistera pas cinq minutes.
Vous pensez que j’exagère, je le vois à vos sourcils qui, de l’autre côté de l’écran se circonflexisent avec ampleur.
Vous ne devriez pas.
Je pourrais énumérer la longue liste des végétaux occis ces dernières années mais je préfère vous raconter une anecdote édifiante.
Il était une plante, à larges et grasses feuilles qui, bien que laissée seule sur le balcon d’un immeuble de bureaux a ainsi survécu de longues années sans aucun soin ni mot doux.
ChèreEpouse un soir apitoyée décide de la rapporter dans notre appartement.
Et celle qui, seule, défia les rudesses météorologiques, à peine touchée par votre PafServiteur s’est mise à dépérir et n’aura pas tenu plus de deux mois, victime de ce don terrifiant.
Triste épisode ; c’est qu’on s’attache facilement à ces condamnées.
Ces jours derniers, le mystère s’est enrichi d’un nouvel épisode.  Il semblerait que ce petit pouvoir spécial ait un gène.
Quand l’institutrice de MonTerrible entreprit de faire planter des graines à ses élèves, celles qui lui revinrent ne donnèrent rien et le pauvre enfant fut condamné à dessiner dix versions d’un petit pot ne contenant que de la terre quand ses camarades usaient leurs feutres verts à reproduire les feuilles se développant.
J’ai bien essayé de le consoler en lui disant qu’ayant émis le souhait d’être super héros plus tard (ou pompier, ou éboueur, ou chasseur de dragons) il avait fait la moitié du chemin en héritant du pouvoir de son père.
Pas l’impression d’avoir été très convaincant.




LePaf pratique :
S’il s’avère nul en pratique (mais c’est la faute à un super pouvoir vous dit-on) LePaf connait la théorie.

vendredi 17 juin 2011

Bonjour, je m’appelle LePaf et je suis lecturopathe depuis maintenant plus de trente ans.
(applaudissements : première salve ; timide.)
Mes débuts furent, je suppose, banals.
 Les histoires lues le soir qui firent pour certaines des souvenirs plus vifs que la journée qui les précédaient.
Ces dessins qui se succédaient de pages en pages et derrière lesquels on devine des mondes où s’enfouir.
Et puis on apprend à lire et on se sert dans toutes les bibliothèques, parentale, municipale ou scolaire.
 Et c’est déjà trop tard…
(rumeur de soupirs approbatifs)
Le point de non retour c’est quand on est tombé sur les bons livres, à partir desquels il est toujours possible de trouver par soi-même tous les autres.
Et s’efface à mesure la frontière entre le réel et les pages. Enfin plutôt  c’est  le réel des pages qui l’emporte.
Et on se retrouve caché dans les endroits les plus glauques pour assouvir sa passion honteuse jusqu’à ce qu’à coups de plus en plus violents sur la porte, les parents finissent par vous faire sortir des WC.
Mais il y a pire.
Longtemps j’ai refusé de l’admettre mais nier n’est plus possible.
MonAiné emprunte la même sinistre voie que son père
Comment ai-je pu me fermer les yeux à ce point ?
Avant même de savoir lire, il aimait déjà.
Dès que ses bras eurent assez de force, allongé il les dressait, des heures durant, un livre grand ouvert au-dessus de lui.
Et maintenant, maintenant que sa chambre en est pleine, que j’en trouve sous son lit, son oreiller et même cachés dans sa housse de couette, je frémis.
Et, je n’ose vous l’avouer, il y a quelque chose en moi qui se sent fier.
J’ai honte.
(Et les applaudissements debout de soutenir LePaf effondré.)




LePaf pratique :
LePaf est riche de conseils de grand-mères.
En voici deux pour protéger les livres des outrages :

vendredi 10 juin 2011

Toutes choses agréables ou désagréables sont mal réparties entre mes enfants.
C’est en tous cas ce qu’ont l’air de ressentir ceux-ci tant l’un réclame ce que l’autre a eu tandis que l’autre persifle que l’un est dispensé de sa corvée.
L’un comme l’autre et comme, je le crains, très bientôt, l’encore autre.
LePaf, soucieux de justice devant la révolte de ses ouailles s’arrache ce qui lui reste de cheveux, du côté des tempes, où c’est le plus sensible.
Comment faire pour diviser chaque agrément, chaque obligation en morceaux exactement égaux ?
LePaf ne trouve pas, il n’est pas  Salomon.

Cet évident manque de talent pour rendre justice n’empêche pas que tous les jours on lui réclame verdicts ou arbitrages
 LePaf y passerait ses journées et, à force de juger, croit deviner  sur lui l’ombre d’un chêne mais, non,  LePaf n’est pas Saint Louis.

Souvent, ce qu’il prend pour des largesses sont prises comme dues.
Ce qui lui parait demandes légitimes passe pour un  fer brûlant dirigeant le joug.
Il manque AuPaf la science du gouvernement qui permet de doser au plus juste le fort et le doux.
LePaf n’est pas Machiavel.

Et il soupire.
Bien que ne manquant pas de divertissements, il se dit qu’il est roi plein de misère.
Il ne songe pas abdiquer bien sûr mais peut-être faudrait il envisager quelques courts instants de régence afin que LePaf se retire ponctuellement en lui-même pour y retrouver l’énergie et la clarté d’esprit nécessaires à sa mission.
Et c’est pour ça, ChèreEpouse, qu’il est de la plus grande nécessité qu’il puisse rejoindre ce soir ses amis au bistrot.





LePaf pratique :
Comme il m’est arrivé de le faire, je vais vous renvoyer à quelques livres rencontrés lors de nos  (MonAiné et moi) passages à la médiathèque.

vendredi 3 juin 2011

LePaf se tâte.
Eduquer ses enfants lui pose problème.
Maintenant qu’on se connait un peu, ceci ne sera pas pour vous surprendre.
Ses dernières peurs sont au sujet de pulsions mauvaises qu’il craint de développer chez ses enfants.
Un de ces soirs pas très récents on lui expliquait que l’esprit de compétition c’est le péché originel et le ventre fécond d’où nait… enfin vous connaissez l’histoire.
L’esprit de compétition mine les saines valeurs du vivre ensemble, impose la lutte sans fin, le darwinisme social et autres horreurs en odeur de saleté.
C’est bien embêtant.
Car, voyez-vous, MonTerrible est très réactif à ce type de stimulants.
Si on ne peut plus le faire finir son assiette à coup de « chiche », le pousser dans la baignoire en criant prem’s, on va perdre un temps fou.
Depuis une nouvelle cognée de certitudes est venue frapper LePaf sur l’autre flanc.
Un de ces soirs plus récent, on me soutient cette fois que l’esprit ce compétition est indispensable à la survie d’une société.
Quelque chose comme une colonne vertébrale sans laquelle nous régresserions en mollusque.
Refuser la compétition serait le plus sur moyen de nous faire déraper sur le chemin qui mène de la décadence au chaos.
Mais alors, dois-je forcer MonAiné au physique plus gracile que son cadet à retourner se faire secouer comme un prunier aux compétions de judo d’où il est sorti aussi amoché que larmoyant ?
Me faut-il considérer ses résultats que sous l’angle du classement et faire la fine bouche devant un 18 sous prétexte qu’il se trouve quatre personnes devant lui ?
Et de redouter la prochaine conversation lui montrant quel nouveau mauvais ver il aura introduit dans les divers fruits des ses entrailles. 




LePaf pratique :
MonTerrible étant, vous l’aurez compris, de ceux que la joute sportive stimule, il participera très bientôt aux foulées du marais, dont je me permets de faire la promotion ici.

vendredi 27 mai 2011

Une cuisinière, avec un four en verre, des tas de couverts et des pelles à gâteaux.
Une tourniquette pour faire la vinaigrette.
Un bel aérateur, pour bouffer les odeurs.
Non LePaf ne joue pas les Gudule, mais liste ce qui jonche le tapis rose de MaPrincesse.
En face, on aperçoit un monticule constitué d’armes diverses, de dinosaures et balles de toutes tailles.
Deux mondes se regardent de chaque côté de la moquette râpée.
En soi, rien de mal vous me direz.
Sauf que chez MaPrincesse les jeux de petite fille sentent fort la corvée de maison.
Et ceci la perturbe d’ailleurs.
Comment construire son identité si tout ce qu’on (mais pas nous) lui offre renvoie aux activités de son père.
Je sens son trouble.
L’autre jour à la crèche alors qu’une fille de son âge voulait lui mettre un balai entre les mains, elle fut saisie et perplexe, ne sachant que faire de l’instrument. Heureusement qu’un garçon de son âge passait à sa portée. Elle a pu ainsi se débarrasser de l’instrument.
Non, décidément, il faut faire le tri dans ses jouets. Il en va de son équilibre futur.
Pendant que j’y suis, je vais transférer dans sa chambre les marteaux, scies, tournevis, et autres établis en plastique qui trainent, inutiles, du côté de ses frères.
C’est qu’ils s’en servent très peu, mettez vous à leur place. Ils auraient honte
Hier, alors que MonTerrible maniait une pince, son grand frère méprisant l’a stoppé dans son élan d’un sans réplique « le bricolage, c’est un truc de fille. »


 


LePaf pratique :
Camarades parents. Ne vous laissez pas exploiter par votre chair, fut-elle aussi votre prunelle (enfin celle de vos yeux).
Mettez vos enfants au travail.

vendredi 20 mai 2011

Shazam !
Il aura suffi AuPaf irrité de tancer un MonAiné dissipé d’un « tu ferais ça à l’école ? » pour se retrouver projeté entre des rangées de verres Duralex, de pichets en plastique et de braillards sans peur des reproches.
L’endroit où le mantra des cantinières excédées était  un robuste « Est-ce que tu ferais ça chez toi ? »
Quant il semblait alors normal que ce soit la maison qui enseigne la discipline aux enfants me voilà en train de la chercher à l’école.
Son monde s’est réellement renversé.
Oui, oui, je sais. Tous autant que nous sommes réclamons de plus en plus à l’école mais chez LePaf, il y a plus.
C’est que pour lui, l’école est l’autorité même. Celle devant laquelle on se rapetisse.
Devant la grille, ça va encore.
Une fois celle-ci passée, c’est la grande transformation.
Shazam ! (Oui, encore.)
Raccourcissent mes culottes, reblondissent mes cheveux, et tremblent mes genoux.
Retour de l’enfant pas fier, prêt à avouer des fautes qu’il n’a pas commises, aux yeux toujours baissés devant maitresse et directeur.
Et la concierge qui fronce en votre direction au son de la porte trop peu délicatement fermée.
Et l’instituteur qui peste autant contre vous que votre enfant un peu trop rétif aux consignes de sécurités.
Et la femme de ménage que vous faites soupirer à marcher à proximité de ses coups de balais.
Je ne pourrai jamais être adulte ici.




LePaf pratique :
Enfin, pratique…
Disons qu’aujourd’hui, je me fais fort d’enrichir votre culture générale ce qui n’est pas sans utilité.

vendredi 13 mai 2011

Il y a l’aristocratie des parents du matin.
Celles et ceux qui portent cravate ou tailleur.
LePaf ne voit souvent que leurs dos s’éloigner dans l’air du matin.
A l’aise d’un côté comme de l’autre de la grille de l’école, souriants, chaleureux dans leurs formules toutes faites.
La bise à peine posée sous les boucles blondes et déjà à califourchon sur un de ces deux-roues parfois pourvus de trois (roues) ; en route pour l’open-space.
Je suppose que je les admire un peu.
Derrière eux : les autres, les lents, les compagnons DuPaf.
Pressés et pourtant à la traîne.
Reliés par des bras tirés à une portée d’enfants aux bouches encore pleines nous avançons à trot bancal et paniqué.
Gens d’après sonnerie, mis de travers dans nos habits choisis à tâtons ensommeillés.
Il y en a pour porter des lunettes de soleil et s’y penser cachés.

Pas du matin.
Le soir est notre territoire, quand sonne la cloche de fin.
Maintenant qu’ils sont minoritaires, on les voit moins faire les malins, les dynamiques sympas, au milieu des nounous bardées d’enfants.
Quand nous, ceux de la voiture balai, sommes en grand nombre.
Détendus et frais dans nos habits convenables nous échangeons sourires et menus propos qu’il y a quelques heures  la hâte et la gêne interdisaient.
Il sera bien temps demain, à l’heure du sprint, d’éviter de croiser nos  yeux ensommeillés.




LePaf pratique :
Une technique pour éviter la panne d’oreiller : la multiplication des réveils.

vendredi 6 mai 2011

Balance le cœur DuPaf.
Entre sévérité et laxisme il hésite plus souvent qu’à son tour.
Cette tenace indécision, façon Buridan, pourrait lui valoir un bonnet d’âne tant à ne pas savoir trancher il est parfois mauvais pédagogue.
Et, comme de bien entendu,  cette incapacité à trancher augmente avec la pression.
Oui, car pression il y a. Être parent c’est être en permanence jugé par ses contemporains.
Un tribunal permanent qui commence dès après la conception, dans ces armées de regards noirs se jetant sur la malheureuse femme enceinte qui cède à l’envie d’un malheureux verre de rouge ou d’une cigarette après trois semaines d’abstinence et la peau recouverte de patchs.
Comment ne pas peser longtemps ses décisions dans ces conditions ?

Je sais bien que MaPrincesse pleure trop fort et depuis trop longtemps dans cet inconfortable wagon de deuxième classe déjà stressée par quatre heures de trajet.
Oui, je vous entends bien murmurer, vous là bas, place 72 côté fenêtre que lorsque vous serez père vos enfants ne se conduiront pas comme ça.
Je peux vous comprendre d’ailleurs.  Avant d’être soulagé par  les cris de Gremlins qui ne m’appartiennent pas,  j’étais comme vous.
Mais que dois-je faire ?
Bâillonner l’enfant  n’étoufferait pas grand chose. Crier plus fort qu’elle ne vous satisferait sans doute pas davantage. Tenter de la raisonner et/ou de la menacer a peu de chance de marcher vu les années qui la séparent encore de l’âge dit de raison.
Ne me reste plus qu’à varier les mécontents en promenant l’enfant de wagon en wagon.

Mais il s’agit là d’un cas relativement simple où, après réflexion, un choix s’impose même s’il n’est pas plus satisfaisant que ça.

L’enfer, c’est le jardin d’enfants. (LePaf hait les jardins d’enfants.)
 En plus de m’inquiéter en permanence d’où se trouvent mes rejetons, il me faut aussi surveiller qu’ils ne lèsent, privent, ni ne bousculent les autres bambins de l’aire de jeu.
Tout cela sous l’œil d’autres parents qui auront tôt fait de me reprocher les incartades des miens.
Mais, dois-je intervenir dès les premiers échanges un peu houleux au risque d’empêcher que les choses ne s’améliorent d’elles même et que le jeu ne reparte de plus belle ?
Et ce couple là-bas, ne s’apprête-t-il pas à sermonner MonTerrible qui escalade le toboggan à contre sens ?
Dois-je m’excuser pour lui ?
Mais s’ils souhaitent juste lui causer, ne vais-je pas passer pour un père castrateur auprès de parents d’élèves que je croise quotidiennement ?
Et cette bataille autour du cheval à bascule. Qui a commencé ?
Vais-je être injuste avec MonAiné ou donner l’impression de l’élever en enfant roi.
  
Perpétuel et épuisant dilemme du prisonnier autour de la cage du même nom.

Allez les enfants. On rentre maintenant !
Comment ça, ça fait seulement cinq minutes qu’on est là ? Oui, ben c’est très long cinq minutes vous ne voyez donc pas dans quel état est votre père ?




LePaf pratique
:
Vous me voyez, après cet exposé, être capable de donner le moindre conseil ?
 Je me présente bien plus à vous en demandeur, là.
Une petite réflexion cependant, pas si éloignée.

vendredi 22 avril 2011

Les mots DuPaf ont souvent des problèmes à arriver à destination.
Précisons : pas ceux écrits ici qui rencontrent un modeste mais précieux écho.
Ce sont les mots  prononcés par LePaf qui sont rarement compris par les personnes alentour.
Il faut dire qu’il y a toujours dans la diction DuPaf quelques défauts qui ne sont pas pour faciliter la communication.
D’abord ne sortent de ma glotte que des sons sourds. A l’exception toutefois des intonations de faussets que seuls les enfants associés à une grande usure nerveuse arrivent à provoquer.
Ensuite, de mes (pas si lointains) ancêtres ruraux j’ai gardé une manière d’inarticulation mâchonnée, comme sortie d’une bouche en partie scellée par une gitane maïs.
D’assez mauvaises dispositions, donc.
Mais l’inquiétant est que ça se dégrade.
A l’époque où une activité salariée m’obligeait  à régulièrement soutenir des conversations d’adultes (rarement passionnantes, mais c’est un autre problème) je restais à peu près audible, mais depuis qu’à l’exception de quelques formules de politesse, je ne parle plus qu’à ma maisonnée, mêmes les habitués sont obligés de me faire répéter plusieurs fois.
Ajouter à cela la mauvaise influence qu’exercent mes enfants car je sens bien que mes phrases se ressentent du babil (charmant, mais c’est un autre problème) de MaPrincesse.
Et j’en viens à craindre que la bouillie de plus en plus épaisse qui sort de ma bouche en vienne à former un mur épais qui de plus en plus me séparera du monde.
Sans compter que mon autorité, déjà bien faible, risque d’en pâtir.
LePaf se devait de réagir et le voilà qui depuis peu s’applique à d’astreignants exercices de diction devant son miroir.
Par exemple des A, E, I, O, U déclamés sur tous les tons en étirant ses mâchoires.
Mais peut-être aurait-il été préférable que les enfants n’y assistent pas.
Depuis, en plus d’un regard bizarre et un peu gêné, les voilà qui se mettent à fuir ma conversation.
Ah, la fatalité du destin qui fond d’autant plus vite sur vous que vous cherchez à l’éviter.
Par pitié ne me laissez pas comme ça, faites-moi parler.




LePaf pratique :
La méthode Démosthène n’est ni la plus recommandée (des cailloux dans la bouche c’est bien désagréable d’une hygiène douteuse) ni la plus efficace.

vendredi 15 avril 2011

Cher nouveau voisin,
Tout d’abord permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue dans notre immeuble.
Oui, je sais, vous n’êtes là que depuis quelques heures et vous trouverez sans doute  que cette lettre arrive bien tôt.
C’est que nous somme comme ça ici, cet immeuble est un peu comme une grande famille et vos cartons à peine franchis la porte vous êtes désormais des nôtres.
Et c’est d’ailleurs dans cet esprit de solidarité que je me permets de vous délivrer un conseil qui sera pour vous l’occasion d’économiser quelques précieux sous.
Les abonnements téléphoniques ayant beau se concurrencer pour vous offrir des communications de moins en moins chères, il n’est  tout de même jamais inutile de s’épargner des appels inutiles.

Ainsi, inutile de vous infliger de longues musiques d’attente en essayant de joindre l’inspection du travail. Les bruits réguliers que vous entendrez et qui risquent, j’en suis navré, de faire tomber quelques morceaux du plâtre de votre plafond dans votre assiette de soupe, ne proviennent pas d’un atelier clandestin pas plus que de la mise en œuvre de gros travaux aux heures où les ouvriers débauchent, mais du pas de MonAiné, MonTerrible et MaPrincesse qui jouissent de ce pouvoir bizarre de faire trois ou quatre fois leur poids lorsqu’ils courent talons en avant dans le couloir.

Il n’est pas davantage nécessaire de joindre la SPA pour leur signaler l’existence d’une ménagerie illicite sur votre tête. Les divers cris qui arrivent brutalement à vos oreilles et qui tiennent du gibbon hurleur mâtiné de grues du japon passées au haut parleur viennent eux aussi des bambins suscités. Je devine votre étonnement et, moi non plus je ne m’explique pas que d’aussi petites cages thoraciques puissent contenir d’aussi gros poumons.

Enfin, ne prenez pas la peine de composer le numéro de l’assistance sociale par crainte d’une maltraitance d’enfants, la fureur adulte qui participe à la vibration des murs ne s’accompagne d’aucuns acte de torture et n’est que la manifestation d’une vaine tentative de maintenir l’ordre dans cet enfer.
De toute manière les services en question ne se déplacent plus ici, votre voisin d’en face monsieur Orgedur les ayant contactés à de trop nombreuses occasions. (Non, vous n’avez pas croisé monsieur Orgedur il est actuellement en maison de repos pour, disons, des soucis de surmenage).

Voilà, permettez-moi pour conclure cette lettre de vous renouveler, cher voisin, mes très enthousiastes souhaits de bienvenue ainsi que, préventivement, d’y ajouter mes excuses les plus plates.
Votre bien dévoué,
Monsieur LePaf.




LePaf pratique :
PS : 

vendredi 8 avril 2011

Sous les airs placides DuPaf doux,  aimant et patient (enfin, tentant de l’être) se cache un penseur intrépide qui ne se laisse pas berner par les entourloupes de l’opinion majoritaire.
Devant vous un homme qui n’hésite pas à briser les mythes les plus tenaces à coups de marteau.
Prenez celui de l’enfance. Quelles sont les premières images qui viennent l’esprit ?
L’innocence, la spontanéité, l’insouciance ?
Une sorte d’état de grâce que la société corrompra par la suite.
Billevesée, bla-bla, bullshit et compagnie, oui !
Croyez-en mon expérience, s’il y a une figure qui se rapproche plus des enfants c’est le petit bourgeois rond de cuir étriqué et conformiste
 Celui qu’on représente volontiers ventru, portant moustache et calvitie plus ou moins camouflée d’une longue mèche.
Qu’on en juge.

Intolérance :
« Maman, elle est bizarre la madame, j’ai pas envie de m’asseoir à côté d’elle. »
« Mais papa, tu ne peux pas aller à l’école habillé comme ça, tout le monde va se moquer de moi. »

Sens de la propriété extrêmement poussé :
« Mais il n’est pas à toi ce [mettez ici ce que vous voulez : jouet, livre, pyjama, gâteau déjà partiellement mâché] ! Rends le moi tout de suite ! Mamaaaaaaaaaan !!! »

Tyrannie de l’habitude poussée jusqu’à la psychorigidité :
« Mais tu ne peux pas manger ici papa, c’est la place de maman. »
« C’est nul. Maman elle ne les met pas comme ça les quartiers de pomme dans l’assiette. »

Penchants conservateurs :
« Papa, je préfèrerais que ce soit toi qui ailles au travail et maman qui reste à la maison avec nous. »

Goût prononcé pour la dénonciation :
« J’vais l’dire ! »

Et bien moi aussi je vais vous dire : en fait les enfants sont des vieux.
LePaf le sait, lui qui l’a toujours été.
Vieux.




LePaf pratique :
De tous ces vilains penchants naissent facilement des conflits.

vendredi 1 avril 2011

LePaf est peut-être bon public mais parfois ses enfants l’impressionnent.
Je sais, il est toujours tentant d’exagérer les prouesses de sa progéniture et on trouvera plus d’un exemple de parents persuadés que leurs rejetons ne demanderaient qu’à établir de nouveaux records aux tests de QI ; que si ce n’est pas le cas c’est que le test est mal fait, et que mon enfant mérite de toute manière un traitement particulier car nous voyons  déjà chez lui les premières lueurs d’un phare qui éclairera le monde et ne prenez pas cet air hautain avec moi, je connais mon enfant tout de même !
Bref, LePaf a pour principe de ne pas s’emballer de la sorte.

Mais, récemment, MonAiné a su bousculer ces réserves.
Un de ces matins d’école durant lesquels les enfants ont la langue aussi pendue que l’esprit des parents est lent, le voilà qui commence à me parler d’astronomie, sa dernière marotte.

Un petit aphorisme bien senti pour commencer :
« Papa !.. Imagine si la terre n’était pas ronde mais carrée… l’atmosphère s’appellerait l’atmocube ! »
Rien de plus qu’un mot d’enfant charmant vous me direz, mais attendez, il ne faisait que s’échauffer, car deux bouchées de céréales plus tard :
 - Papa !..  J’aimerais bien avoir une chambre tellement grande qu’on pourrait faire rentrer tout l’espace dedans.
- Ah ah, mais petit malin mais ce n’est pas possible enfin. Pour que la chambre puisse contenir tout l’espace, il faudrait qu’elle soit plus grande que lui. Pas de place pour l’espace plus ta chambre enfin.
- Ben… si.
- Comment ça « si » ?
- Ben l’espace c’est infini, non ?
- Euh, oui. Enfin je crois.
- Comme l’infini c’est le fait qu’il y a toujours un nombre après le dernier, donc qu’l ya toujours une place en plus, une chambre plus grande que l’infini, dans l’infini, et bien c’est possible.
- …

 Passé un hébétement qui aura bien duré cinq ou six cuillerées de céréales, LePaf d’un coup se précipite sur son ordinateur et se met à chercher fébrilement le n° de téléphone d’Hubert Reeves , Jean-Pierre Luminet ou autre grand savant pour les prévenir que le futur de l’astronomie se trouve chez lui.
C’est alors que MonAiné pouffe.
Le combiné entre épaule et oreille je m’approche du divin enfant prêt à recevoir  ses nouvelles lumières.
- Qu’est ce qui te fait rire mon enfant ?
- Je repensais à  Titeuf, là. Quand il voit son copain et qu’il lui dit poil aux fesses. Trop drôle !
- Allo, M. Reeves ?
Non non, oubliez, finalement, rien…




LePaf pratique :
Comme je ne trouve rien de mieux à faire que vouloir infliger à mes gamins une enfance similaire à la mienne, je leur impose les dessins animés que je regardais enfant. Pour l’instant, ils sont encore assez clients.

vendredi 25 mars 2011

Le vrai maitre DuPaf, ce n’est pas ChèreEpouse.
Ce ne sont pas ses enfants non plus, non ; même pas MaPrincesse.
Celui duquel il reçoit ses ordres les plus sévères, c’est son appartement.
Et c’est un maître exigeant.
Un maître jaloux.

Voyez-vous, LePaf a un autre travail. Bien que Paf, le plus clair de son temps, il est aussi censé gagner quelque argent de sa plume – enfin de son clavier.
Mais le temps que prennent ces infidélités sont insupportables à l’Appartement qui prend alors un malin plaisir à faire rentrer dans mon champ de vision tel vêtement mal rangé, tel reste d’un repas qui doit être enlevé sur l’heure.
Et moi, de ne plus voir que ça.
Ce parquet qui ternoie.
Ce bac de linge sale qui trop débordoie.
Cette liste de courses qui s’allongeoie.
Ce lave-vaisselle qui constamment se remplissoie.
Le même qui jamais tout seul ne se vidoie.



Ce n’est pas tout.
Servir son maître c’est aussi le défendre.
Enfin, tenter.

Chaque soir que l’Appartement fait, trois enfants et une ChèreEpouse s’appliquent à détruire les travaux DuPaf.
Malgré ses cris, nombreux, ses menaces furieuses et ses énergiques emportements, éternellement la horde revient faire son travail de saccage.
Il y a du Sisyphe chez LePaf, surtout de profil.




LePaf pratique :
Tel le bonimenteur vantant les vertus miraculeuses de son élixir, tel la carte de visite narrant par le menus les infinis pouvoirs du marabout, oyez oyez, bonnes gens, je vais vous chanter les louanges du roi des produits ménagers : le vinaigre blanc.

jeudi 17 mars 2011

LePaf n’est pas un souillon.
N’allez pas croire que s’il s’use fréquemment les genoux à serpillier le sol, son tablier cache des guenilles.
Car LePaf a beau être un ménager - de moins de cinquante ans, pour l’instant - il met un point d’honneur à soigner l’apparence de son bleu de travail.
Certains pourraient croire que pour ses 12 - ou approchant - travaux d’intérieur, il lui suffirait de mettre le débardeur de Bruce Willis sur un torse malheureusement plus proche de celui d’Henri Guybet.
Et bien non.
Même pour ces taches ingrates, je m’habille comme si la reine d’Angleterre devait faire sonner plus souvent l’interphone que les témoins de Jéhovah.
Cravate, gilet et boutons de manchette forment l’ordinaire uniforme de mon dur labeur.
Et, comme l’élégance ne supporte que peu les demi-mesures, je tiens aussi à ce que l’éponge ne jure pas avec la chemise, que le manche à balais réponde au bracelet de montre et que la baignoire briquée ne brille pas moins que ma paire de brogues.
Ainsi attifé, LePaf se sent James Bond et trouve à son nouvel aspirateur en pièces détachées des allures de carabine à viseur que l’agent secret porte en attaché-case.
Et si LePaf se rebaptisait L’élégant, qu’en pensez-vous, ça vous a un petit côté marlou des faubourgs, non ?
Quoi, LePaf a des références cacochymes ?
Croyez-vous qu’on parle ainsi à L’élégant ?



LePaf pratique :
Pardonnez-moi Mesdames, ce Paf pratique, au moins dans sa première partie, s’adressera surtout aux messieurs.

mardi 8 mars 2011

Faites mal au Paf !
Oui !
Faites le souffrir car tel est son bon plaisir.
Vous en doutez ?
Croyez-vous que LePaf se serait reproduit à trois reprises s’il n’y avait au fond de lui, une tendance au masochisme ?
Une autre preuve ?
Sachez que LePaf fréquente assidument les piscines.
Oui, ces temples de l’hygiène où l’on nage parmi une grande variété d’humeurs corporelles et d’où il m’est arrivé de ressortir avec, collé sur le bras, un pansement qui n’y était pas avant.
Et, pour achever de vous convaincre, sachez que j’y emmène parfois aussi mes enfants.
Mesurez-vous ce que ça suppose de goût pour la souffrance ?
Pour affronter :
-    Les regards mauvais des autres nageurs quand votre tripotée commente en criant chaque seconde passée dans l’eau.
-    Ceux aussi peu amènes des maîtres nageurs quand vous devez courir après  un enfant - double infraction – alors qu’un autre tente une bombe en aveugle dans la ligne d’eau très troisième âgée de l’aquagym.
-    La honte de demander une serpillère à l’accueil avant de devoir expliquer que s’il vous la faut c’est que votre dernière à patiemment attendu de ne plus avoir de couche pour vider sa vessie sur le carrelage et les pieds en tongs.
A la réflexion, ne faites pas mal au Paf.
Il a eu sa dose et risquerait de ne pas en supporter une supplémentaire.




LePaf pratique :
A voir le nombre de crawleurs qui fréquemment s’entassent dans ma ligne d’eau, je devine que le masochisme se porte assez bien.

vendredi 4 mars 2011

Sacrebleu, LePaf était plagiaire sans le savoir.

Je suis très embêté...
Il semblerait que comme certains agents LePaf soit double.
Et oui...
On vient de me signaler qu'un autre Paf était à ce point possible qu'il avait lui-même un blog.
Une rapide lecture de mon pendant m'a en outre permis de constater que nous partagions, en plus de nos profession et sobriquet, une certaine tendance à l'utilisation de la troisième personne.
Une autre à peine peu plus approfondie, m'aura suffi pour constater que l'autre LePaf m'avait assez largement précédé dans l'exercice du blog.

Je viens de me présenter, un rien penaud, à ce monsieur ; il est toujours possible qu'il y ait quelque rebaptisation à faire si LePremierPaf le demande. 

(En espérant ne pas être contraint à la démission, mais après tout, LeDeuxièmePaf n'est pas ministre de la défense que je sache.)

edit de 16h00 :
Je viens de recevoir un mail fort aimable de LePremierPaf aka NewPaf qui m'autorise à continuer ce blog dans les même conditions.
Chacun ici pourra donc conserver son petit nom.
LePaf est soulagé et tiens à remercier LePaf pour sa gentillesse.
Bonne fin de journée et bon week-end à vous.

mercredi 2 mars 2011

LePaf est désolé.
Vraiment.
Il vous présente tout ce qu’il a de plus plat en excuses.
Vous avoir laissé ainsi plus de deux semaines sans un mot, sans une nouvelle justifierait une pénitence telle qu’il me faudrait y laisser la peau du dos.
C’est que, voyez-vous j’étais en vacances.
Je veux vraiment dire en vacance ce qui implique que durant tout ce temps LePaf ne l’était plus du tout, Paf.
Plus d’enfants, juste ChèreEpouse et moi-même se payant un petit supplément de jeunesse.
Mais oui, la jeunesse. Souvenez-vous chers lecteurs parents : cette époque bénie et lointaine où les grasses matinées faisaient l’ouverture de journées sans contraintes ou si peu.
Afin d’optimiser le potentiel détente de ces congés, J’ai aussi passé une bonne part des envies de violence que la morale réprouve et la loi condamne en massacrant quelques billots de furieux coups de haches.
Oui, il y a quelques mesures de Ingalls dans un baril de Paf.
Et les enfants ?
Dispersés. Semés à des kilomètres au petit bonheur des disponibilités grand-parentales.
En un sens, nous avons participé, oh bien momentanément, au vaste éclatement familial dont certains voient le grand phénomène de notre temps.
Je ne sais pas à quel point ces changement modifient la société mais j’ai pu constater que cette courte expérience de la division a laissé chez nous quelques traces.
Il y a peu, alors que MonTerrible entrait contre son frère dans une colère… terrible, il lui lança :
« Je te déteste ! Tu n’es plus mon frère ! T’es mon demi-frère ! »



LePaf pratique :
Mais, c’est que je n’ai aucun conseil à vous donner, là maintenant. Je n’ai rien révisé. Deux semaines sans enfants vous ai-je dit.

mercredi 9 février 2011

LePaf se sent coupable.
Quand MonTerrible se tord à terre et martèle le trottoir à petits poings.
Quand MaPrincesse mord sans retenue le mollet d’une camarade de crèche à ses yeux trop peu prêteuse.
Quand Le directeur d’école de MonAiné nous convoque chèreEpouse et moi pour un long sermon.
Et bien (trop) d’autres fois encore, LePaf de se demander : « mais qu’ai-je fait mon Dieu ? » - Le paf est un tragédien un peu cabot.
Qu’elle parait lointaine cette époque durant laquelle les pleurs des autres enfants étaient cause d’énervement.
Maintenant, bien souvent, ils rassurent.
Bien sûr, chaque soir, devant ses beaux endormis, LePaf se réjouit d’avoir fait don au monde de tels chérubins.
Mais rares sont les jours où il ne s’afflige pas aussi d’y avoir envoyé de si terribles zygotos.
Mais peut-être LePaf se tourmente-t-il pour peu de choses.
De récentes études nous disent que les parents ne sont pas pour grand-chose dans la personnalité des enfants. Selon Judith Rich Harris, seule compterait l’influence des camarades de jeu.
De quoi se sentir plus léger.
Enfin… Attendez-voir !
Il va falloir que je surveille d’autant plus les fréquentations de mes enfants avec cette histoire.
Et puis, pour bel et bon que soit cet argumentaire, je doute qu’il suffise à convaincre le directeur de l’école de l’inutilité de nos efforts.
Non, décidément, ce n’est pas ça qui allègera le fardeau DuPaf.




LePaf pratique :
Afin de motiver le grand et d’améliorer un peu ses performances scolaires on essaie de jouer sur sa motivation en cherchant le bon dosage entre carotte et bâton.

mercredi 2 février 2011

LePaf n’est pas charbonnier.
Et non…
Malgré des efforts vocaux à ébranler les murs et la patience des voisins, il n’est jamais véritablement parvenu à être maître chez lui.
Et, à l’heure où, me dit-on, des peuples se libèrent de leurs oppresseurs voici qu’un nouveau tyran vient imposer son règne jusque dans mon foyer.
MaPrincesse rentre de plein pied dans cette période que des professionnels des têtes parfois blondes appellent « âge de la toute puissance ».
Ah, elle nous aura bien eus avec ses sourires craquants, sa douce petite voix et son œil humide.
Si elle avait une cloche, elle sonnerait le jour, la nuit, y mettrait tout son cœur, pour nous appeler à son service.
Remarquez, c’est un peu ce qu’elle fait depuis toujours ; les pleurs faisant office de sonnerie.
Ce qui est nouveau, par contre, c’est sa volonté de contrôler jusqu’au moindre détail de la maison.
Telle une metteuse en scène c’est elle qui doit décider de nos places, nos mouvements et même de nos postures allant jusqu’à imposer le couchage à ses parents et leur mettre le pouce dans la bouche.
Et LePaf de penser avec nostalgie à cette époque pas si lointaine où il jouait à la poupée avec sa fille quand c’est elle, maintenant, qui joue à la poupée avec lui.




LePaf pratique :
En matière d’autorité je suis tout à fait dépourvu de conseils.
Tout au plus déniché-je quelques bons conseils qui donnent du cœur à l’ouvrage aux parents que leur noble mission parfois décourage.