vendredi 23 septembre 2011

LePaf croit aux vertus éducatives des histoires. Un récit, une morale et le bambin édifié filera doux et droit jusqu’à sa crise dite d’ingratitude.

C’est ainsi qu’un après-midi de retour d’école j’installai MonTerrible sur mes genoux pour lui compter la terrible et merveilleuse histoire de ma grand-tante Mimi.
Jusque là épouse dévouée et sans histoire l’arrivée des allemands en 1940 conduisit sa raison à partir pour un exode définitif.
Dès lors, elle se mit, en plus d’un délire verbal continu et d’une tendance à prendre son interlocuteur pour telle ou telle célébrité, à adopter toute une série de comportements déroutants.

Par exemple :

-    Au moment de passer le balai ou l’aspirateur, elle retournait systématiquement vers le mur radio et télévision, par ce que ces « salopes regardaient sous ses jupes ! »

-    Persuadée que la victoire des alliés n’était qu’une ruse elle pensait que ces derniers avaient laissé un peu partout de terribles et agressifs microbes contre lesquels ils fallait agir sans faiblir. Et de passer aux détergents sols et murs mais aussi l’ensemble des objets de sa maison et son extérieur, ainsi que ses différents habitants. Qui n’a jamais croisé le regard d’une chèvre en train de se faire javelliser ne connait pas la panique.

Tante Mimi avait aussi l’habitude de remplir les multiples poches de son tablier, ainsi que les espaces entres les multiples couches superposées qui constituaient son vêtement de tout ce que ceux-ci pouvaient contenir et passaient à proximité des ses mains vives à chaparder.
Avec quelques années de recul, je me dis que cette pulsion d’accumulation a sûrement aussi son origine dans ces années de privations qu’on décrit comme les plus sombres de notre histoire.
Mais à l’époque c’est cette manie que je trouvais la plus étrange (et la plus dangereuse pour mes billes, Malabars et autres trésors d’enfance qu’il m’était donc interdit de laisser trainer).

Vint alors le moment de dire à MonTerrible que non, ce n’est pas par cruauté que je l’empêche de ramasser tout ce qui sur le trajet du retour semble à ses yeux suffisamment éloigné d’un déchet décomposé. Il aurait aussi fallu lui faire comprendre qu’il n’y avait rien de scandaleux à vider une bonne part du contenu de ses poches dans les poubelles, et que la norme était de mon côté.
Il aurait fallu mais ma conclusion s’est interrompue devant les yeux furieux de ChèreEpouse, très contrariée à l’idée qu’on puisse comparer un de ses enfants à mon aïeule siphonnée.
Conclusion qui aurait été de toute manière mise à mal par le meuble partiellement cabossé qu’elle venait de ramasser sur le trottoir et qui, après quelque coups de marteau et de peinture dont elle a le secret fera comme d’habitude l’admiration de nos convives.
LePaf devra donc trouver autre chose pour édifier son fiston et, en attendant, devra privilégier la fourberie d’un vidage de poche en cachette de celui-ci.
 



LePaf en toque :

Tiens et si on rentabilisait la demi-tonne de châtaignes que MonTerriblerapporte quotidiennement en saison. Et pour ceci, que diriez-vous d’un velouté de châtaignes ?
Il est possible que votre réserve de châtaignes ramassée soit trop chiche, tout le monde n’ayant pas la chance d’avoir un MonTerrible RamasseTout chez soi.
Peut-être aussi n’avez-vous ni le temps ni l’énergie pour décortiquer, inciser puis ébouillanter cinq minutes les graines avant de devoir les égoutter, éplucher coques et peau intérieure, ouf…
Dans ces cas, il vous suffit d’acheter un bocal de châtaignes précuites dans n’importe quelle supérette et la recette d’assez simple deviendra d’une facilité quasi scandaleuse.
Voyez plutôt :
-    épluchez un oignon et de l’ail, hachez-les et faites-les revenir dans une casserole à fond épais dans du beurre fondu.
-    versez par-dessus 2 litres d’eau et portez-les à ébullition.
-    ajoutez un kilo de châtaignes.
-    laissez le tout cuire une heure.
-    mixez, ajoutez un bouillon de cube (volaille) et laissez mijoter encore quelques dizaines de minutes.
-    supporte assez bien une ou deux cuillères à soupe de crème fraiche avant de servir

Recette imaginée par Monsieur et Madame Welsch, propriétaires de la maison d’hôtes de Courbelimagne dans le Limousin.

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