MonTerrible a dans sa paume un trésor.
De toutes les choses glanées depuis le grand départ la plus belle trouvaille est ce simple caillou, blanc, galet poli et doux comme une caresse maternelle.
Caresses maternelles qui lui manquent beaucoup.
Surtout maintenant que les amusements sont passés, et qu’il se retrouve dans cet endroit qui sent mauvais, et où il fait froid.
En plus le livre l’ennuie.
On y parle d’indiens, de musique et de tout un tas d’autres choses qui pourraient être chouettes mais en fait on ne comprend rien à ce qu’il dit. Il n’y a pas l’air d’avoir de bataille ou de grosses fêtes.
Si même dans les livres on ne trouve plus d’aventures il n’y a plus que l’ennui.
Partout.
Un frère qui continue à lire avec, sur les genoux une sœur endormie.
L’ennui.
Un père qui ne répond plus comme lorsqu’ il est en colère ou travaille ou revient d’un déjeuner avec ses amis.
Un père inutilisable.
L’ennui poisseux dans lequel on s’empêtre.
Alors à défaut de quoi jouer, des caresses maternelles dont le souvenir remonte à loin, peut-être plus encore dans l’esprit de ChèreEpouse, on passe le temps en égrenant son butin puis on se charge de la douceur de ce galet tellement blanc, régulier, parfait qu’il est surement chargé de pouvoirs magiques.
« Comme une pierre philosophale tu crois ? »
Mince, il pensait à voix haute ?
MonAiné est pourtant toujours à sa lecture.
Il aura imaginé cette question de SonAiné tellement MonAinesque que cette pierre philosophale pourrait en être la cinquième essence ?
C’était quoiqu’il en soit une réflexion pertinente et assez proche de la réalité tout étonnant que cela puisse paraitre.
Puisque je vous l’écris !
Et LePaf à la double condition qu’il ait écouté le bref échange – partons du principe qu’il n’était pas imaginaire – entre ses deux fils et ait pu aller jusqu’au bout de son souvenir.
Double condition impossible si on y réfléchit un instant.
Et puis il n’est pas sûr qu’aller au bout du souvenir ait suffit car, à vrai dire, la fin du récit jezequielien, LePaf, entre embarras, pressions de la foule et souci bien légitime de sa progéniture, ne l’a écouté que très approximativement.
Si LePaf avait été le narrateur omniscient de sa propre histoire, au courant de tous les détails concernant de près ou de loin les péripéties passées et à venir par lesquelles passe l’ensemble de sa famille, voici ce qu’il aurait su des affaires Jezequiel :
Yatho Glaz, la cinquantaine avancée n’en déplaise à ses long cheveux nattés d’un noir absolu qui refuse de blanchir est, comme le précisait Yvon lors de ce bref instant durant lequel il bénéficiait d’une oreille attentive, est un membre de la nation Cherokee originaire de l’Etat de Géorgie.
En plus d’avoir tenu la basse d’un groupe de musiciens à franges, plumes et maquillage tentant de marier les signes les plus reconnaissables de la country & western et des chants et flûtes amérindiennes propres à ses origines, il a longtemps exercé l’honorable travail de laborantin dans une usine de cosmétique.
Une allergie de plus en plus marquée aux contraintes de la vie professionnelle ajoutée aux faibles revenus tirés de son activité artistique l’auront conduit vers les plus profitables eaux des confection et commerce de drogues de synthèse. Domaine dans lequel il s’est rapidement révélé très doué, notamment en ce qui concerne la production où il développa, de l’avis même de la plupart de ses clients, une inventivité de l’ordre du don divin.
Quelques bisbilles commerciales qui, dans ce milieu, prennent vite d’importantes et funestes proportions, lui rendirent très séduisante l’invitation à se produire – en tant que bassiste de groupe – en France, ainsi que les possibilités d’y rester en compagnie d’une Léonarde rencontrée, conquise et épousée sur place en moins de temps qu’il n’en fallait alors à ses camarades musiciens pour dilapider dans les différents troquets locaux les dividendes des quatre dates de leur tournée internationale limitée à l’ouest finistérien.
Depuis lors, les nombreux festivals musicaux se déroulant dans sa nouvelle région d’habitation suffirent à pourvoir aux modestes besoins de sa petite famille et ce jusqu’à ce que les plaintes d’Yvon Jezequiel réveillent en lui la folle ambition qui marqua ses débuts dans les stupéfiants.
Proposant d’associer ses compétences aux moyens et réseaux du frère indépendantiste, il se remit à l’ouvrage avec tout le cœur qu’il lui fut possible de mettre dedans.
Ce n’est que le retour de l’eau de feu à ses envoyeurs se répétait-il quand ses pensées venaient à errer près des régions de la mauvaise conscience.
Mais l’ambition fut contagieuse.
Et les clients, alléchés par la galopante montée en qualité des produits se mirent à voir les choses en grand et augmentèrent leurs exigences qui auraient paru extravagantes si elles n’avaient été appuyées par de menaçants gros calibres.
Panique chez les entremetteurs bretonnants du gang d’André, eux-mêmes transmettant menaces et inquiétudes à Yvon et Yatho.
Le premier choisit comme remède aux angoisses un doublement de sa consommation habituelle d’anesthésiants en tous genres quand le deuxième opta, entre toutes les poudres qu’il croisa ou confectionna durant sa vie, pour celle d’escampette.
Bon camarade, il laissa tout de même à Yvon un exemplaire de son nouveau produit révolutionnaire dérivé de l’ibogaïne, la formule permettant de l’obtenir, un laboratoire en état de fonctionnement ainsi qu’un curieux minéral blanc et lisse, indispensable selon ses dires à l’opération.
Yvon, entre deux crises d’irrationalité explosive, cacha l’échantillon dans un de ses tubes à chapeaux, le caillou derrière l’autel d’une vieille église désaffectée à quelques centaines de mètres de chez lui et entreprit de coder la formule et ce, sans y comprendre quoi que ce soit, pour en faire une énigme si tortueuse que seul son esprit, sculpté par des années d’excès, paraissait apte à s’y diriger.
Vous aurez compris qu’il lui fut impossible de remettre la main sur tout cela d’où une panique qui, comme nous l’avons déjà vu est aussi contagieuse que l’ambition et se mit à gagner notre mini armée d’indépendantistes. Lesquels ne trouvant plus ni André ni Yatho se rabattirent sur la famille Pafienne qui avait eu la mauvaise et très soupçonnable idée de chercher récemment à rencontrer Yvon.
Ne sachant pas trop s’ils pouvaient espérer tirer d’eux quelque information utile ou en faire un présent suffisamment amadouant pour les acheteurs de stupéfiants en gros qu’ils étaient censés contenter dans peu de temps.
En l’absence de leur chef parti gagner son bara et se fournir en matières premières du côté de l’Afrique, c’est sans avoir pris de réelle décision qu’ils étaient descendus visiter leurs prisonniers tandis que LePaf se revoyait dans l’odeur des hamburgers de gare et que MonTerrible se frottait la joue de son caillou.
De toutes les choses glanées depuis le grand départ la plus belle trouvaille est ce simple caillou, blanc, galet poli et doux comme une caresse maternelle.
Caresses maternelles qui lui manquent beaucoup.
Surtout maintenant que les amusements sont passés, et qu’il se retrouve dans cet endroit qui sent mauvais, et où il fait froid.
En plus le livre l’ennuie.
On y parle d’indiens, de musique et de tout un tas d’autres choses qui pourraient être chouettes mais en fait on ne comprend rien à ce qu’il dit. Il n’y a pas l’air d’avoir de bataille ou de grosses fêtes.
Si même dans les livres on ne trouve plus d’aventures il n’y a plus que l’ennui.
Partout.
Un frère qui continue à lire avec, sur les genoux une sœur endormie.
L’ennui.
Un père qui ne répond plus comme lorsqu’ il est en colère ou travaille ou revient d’un déjeuner avec ses amis.
Un père inutilisable.
L’ennui poisseux dans lequel on s’empêtre.
Alors à défaut de quoi jouer, des caresses maternelles dont le souvenir remonte à loin, peut-être plus encore dans l’esprit de ChèreEpouse, on passe le temps en égrenant son butin puis on se charge de la douceur de ce galet tellement blanc, régulier, parfait qu’il est surement chargé de pouvoirs magiques.
« Comme une pierre philosophale tu crois ? »
Mince, il pensait à voix haute ?
MonAiné est pourtant toujours à sa lecture.
Il aura imaginé cette question de SonAiné tellement MonAinesque que cette pierre philosophale pourrait en être la cinquième essence ?
C’était quoiqu’il en soit une réflexion pertinente et assez proche de la réalité tout étonnant que cela puisse paraitre.
Puisque je vous l’écris !
Et LePaf à la double condition qu’il ait écouté le bref échange – partons du principe qu’il n’était pas imaginaire – entre ses deux fils et ait pu aller jusqu’au bout de son souvenir.
Double condition impossible si on y réfléchit un instant.
Et puis il n’est pas sûr qu’aller au bout du souvenir ait suffit car, à vrai dire, la fin du récit jezequielien, LePaf, entre embarras, pressions de la foule et souci bien légitime de sa progéniture, ne l’a écouté que très approximativement.
Si LePaf avait été le narrateur omniscient de sa propre histoire, au courant de tous les détails concernant de près ou de loin les péripéties passées et à venir par lesquelles passe l’ensemble de sa famille, voici ce qu’il aurait su des affaires Jezequiel :
Yatho Glaz, la cinquantaine avancée n’en déplaise à ses long cheveux nattés d’un noir absolu qui refuse de blanchir est, comme le précisait Yvon lors de ce bref instant durant lequel il bénéficiait d’une oreille attentive, est un membre de la nation Cherokee originaire de l’Etat de Géorgie.
En plus d’avoir tenu la basse d’un groupe de musiciens à franges, plumes et maquillage tentant de marier les signes les plus reconnaissables de la country & western et des chants et flûtes amérindiennes propres à ses origines, il a longtemps exercé l’honorable travail de laborantin dans une usine de cosmétique.
Une allergie de plus en plus marquée aux contraintes de la vie professionnelle ajoutée aux faibles revenus tirés de son activité artistique l’auront conduit vers les plus profitables eaux des confection et commerce de drogues de synthèse. Domaine dans lequel il s’est rapidement révélé très doué, notamment en ce qui concerne la production où il développa, de l’avis même de la plupart de ses clients, une inventivité de l’ordre du don divin.
Quelques bisbilles commerciales qui, dans ce milieu, prennent vite d’importantes et funestes proportions, lui rendirent très séduisante l’invitation à se produire – en tant que bassiste de groupe – en France, ainsi que les possibilités d’y rester en compagnie d’une Léonarde rencontrée, conquise et épousée sur place en moins de temps qu’il n’en fallait alors à ses camarades musiciens pour dilapider dans les différents troquets locaux les dividendes des quatre dates de leur tournée internationale limitée à l’ouest finistérien.
Depuis lors, les nombreux festivals musicaux se déroulant dans sa nouvelle région d’habitation suffirent à pourvoir aux modestes besoins de sa petite famille et ce jusqu’à ce que les plaintes d’Yvon Jezequiel réveillent en lui la folle ambition qui marqua ses débuts dans les stupéfiants.
Proposant d’associer ses compétences aux moyens et réseaux du frère indépendantiste, il se remit à l’ouvrage avec tout le cœur qu’il lui fut possible de mettre dedans.
Ce n’est que le retour de l’eau de feu à ses envoyeurs se répétait-il quand ses pensées venaient à errer près des régions de la mauvaise conscience.
Mais l’ambition fut contagieuse.
Et les clients, alléchés par la galopante montée en qualité des produits se mirent à voir les choses en grand et augmentèrent leurs exigences qui auraient paru extravagantes si elles n’avaient été appuyées par de menaçants gros calibres.
Panique chez les entremetteurs bretonnants du gang d’André, eux-mêmes transmettant menaces et inquiétudes à Yvon et Yatho.
Le premier choisit comme remède aux angoisses un doublement de sa consommation habituelle d’anesthésiants en tous genres quand le deuxième opta, entre toutes les poudres qu’il croisa ou confectionna durant sa vie, pour celle d’escampette.
Bon camarade, il laissa tout de même à Yvon un exemplaire de son nouveau produit révolutionnaire dérivé de l’ibogaïne, la formule permettant de l’obtenir, un laboratoire en état de fonctionnement ainsi qu’un curieux minéral blanc et lisse, indispensable selon ses dires à l’opération.
Yvon, entre deux crises d’irrationalité explosive, cacha l’échantillon dans un de ses tubes à chapeaux, le caillou derrière l’autel d’une vieille église désaffectée à quelques centaines de mètres de chez lui et entreprit de coder la formule et ce, sans y comprendre quoi que ce soit, pour en faire une énigme si tortueuse que seul son esprit, sculpté par des années d’excès, paraissait apte à s’y diriger.
Vous aurez compris qu’il lui fut impossible de remettre la main sur tout cela d’où une panique qui, comme nous l’avons déjà vu est aussi contagieuse que l’ambition et se mit à gagner notre mini armée d’indépendantistes. Lesquels ne trouvant plus ni André ni Yatho se rabattirent sur la famille Pafienne qui avait eu la mauvaise et très soupçonnable idée de chercher récemment à rencontrer Yvon.
Ne sachant pas trop s’ils pouvaient espérer tirer d’eux quelque information utile ou en faire un présent suffisamment amadouant pour les acheteurs de stupéfiants en gros qu’ils étaient censés contenter dans peu de temps.
En l’absence de leur chef parti gagner son bara et se fournir en matières premières du côté de l’Afrique, c’est sans avoir pris de réelle décision qu’ils étaient descendus visiter leurs prisonniers tandis que LePaf se revoyait dans l’odeur des hamburgers de gare et que MonTerrible se frottait la joue de son caillou.
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