vendredi 24 juin 2011

LePaf a parmi ses multiples talents un pouvoir.
Je veux dire un vrai pouvoir, magique, de ceux qui riment avec grande responsabilité, sauf que ça ne rime pas. Vous me suivez toujours ?
Bien.
Alors voici : LePaf a les pouces noirs.
Confiez-lui une plante, la plus robuste que vous connaissez, elle ne lui résistera pas cinq minutes.
Vous pensez que j’exagère, je le vois à vos sourcils qui, de l’autre côté de l’écran se circonflexisent avec ampleur.
Vous ne devriez pas.
Je pourrais énumérer la longue liste des végétaux occis ces dernières années mais je préfère vous raconter une anecdote édifiante.
Il était une plante, à larges et grasses feuilles qui, bien que laissée seule sur le balcon d’un immeuble de bureaux a ainsi survécu de longues années sans aucun soin ni mot doux.
ChèreEpouse un soir apitoyée décide de la rapporter dans notre appartement.
Et celle qui, seule, défia les rudesses météorologiques, à peine touchée par votre PafServiteur s’est mise à dépérir et n’aura pas tenu plus de deux mois, victime de ce don terrifiant.
Triste épisode ; c’est qu’on s’attache facilement à ces condamnées.
Ces jours derniers, le mystère s’est enrichi d’un nouvel épisode.  Il semblerait que ce petit pouvoir spécial ait un gène.
Quand l’institutrice de MonTerrible entreprit de faire planter des graines à ses élèves, celles qui lui revinrent ne donnèrent rien et le pauvre enfant fut condamné à dessiner dix versions d’un petit pot ne contenant que de la terre quand ses camarades usaient leurs feutres verts à reproduire les feuilles se développant.
J’ai bien essayé de le consoler en lui disant qu’ayant émis le souhait d’être super héros plus tard (ou pompier, ou éboueur, ou chasseur de dragons) il avait fait la moitié du chemin en héritant du pouvoir de son père.
Pas l’impression d’avoir été très convaincant.




LePaf pratique :
S’il s’avère nul en pratique (mais c’est la faute à un super pouvoir vous dit-on) LePaf connait la théorie.

vendredi 17 juin 2011

Bonjour, je m’appelle LePaf et je suis lecturopathe depuis maintenant plus de trente ans.
(applaudissements : première salve ; timide.)
Mes débuts furent, je suppose, banals.
 Les histoires lues le soir qui firent pour certaines des souvenirs plus vifs que la journée qui les précédaient.
Ces dessins qui se succédaient de pages en pages et derrière lesquels on devine des mondes où s’enfouir.
Et puis on apprend à lire et on se sert dans toutes les bibliothèques, parentale, municipale ou scolaire.
 Et c’est déjà trop tard…
(rumeur de soupirs approbatifs)
Le point de non retour c’est quand on est tombé sur les bons livres, à partir desquels il est toujours possible de trouver par soi-même tous les autres.
Et s’efface à mesure la frontière entre le réel et les pages. Enfin plutôt  c’est  le réel des pages qui l’emporte.
Et on se retrouve caché dans les endroits les plus glauques pour assouvir sa passion honteuse jusqu’à ce qu’à coups de plus en plus violents sur la porte, les parents finissent par vous faire sortir des WC.
Mais il y a pire.
Longtemps j’ai refusé de l’admettre mais nier n’est plus possible.
MonAiné emprunte la même sinistre voie que son père
Comment ai-je pu me fermer les yeux à ce point ?
Avant même de savoir lire, il aimait déjà.
Dès que ses bras eurent assez de force, allongé il les dressait, des heures durant, un livre grand ouvert au-dessus de lui.
Et maintenant, maintenant que sa chambre en est pleine, que j’en trouve sous son lit, son oreiller et même cachés dans sa housse de couette, je frémis.
Et, je n’ose vous l’avouer, il y a quelque chose en moi qui se sent fier.
J’ai honte.
(Et les applaudissements debout de soutenir LePaf effondré.)




LePaf pratique :
LePaf est riche de conseils de grand-mères.
En voici deux pour protéger les livres des outrages :

vendredi 10 juin 2011

Toutes choses agréables ou désagréables sont mal réparties entre mes enfants.
C’est en tous cas ce qu’ont l’air de ressentir ceux-ci tant l’un réclame ce que l’autre a eu tandis que l’autre persifle que l’un est dispensé de sa corvée.
L’un comme l’autre et comme, je le crains, très bientôt, l’encore autre.
LePaf, soucieux de justice devant la révolte de ses ouailles s’arrache ce qui lui reste de cheveux, du côté des tempes, où c’est le plus sensible.
Comment faire pour diviser chaque agrément, chaque obligation en morceaux exactement égaux ?
LePaf ne trouve pas, il n’est pas  Salomon.

Cet évident manque de talent pour rendre justice n’empêche pas que tous les jours on lui réclame verdicts ou arbitrages
 LePaf y passerait ses journées et, à force de juger, croit deviner  sur lui l’ombre d’un chêne mais, non,  LePaf n’est pas Saint Louis.

Souvent, ce qu’il prend pour des largesses sont prises comme dues.
Ce qui lui parait demandes légitimes passe pour un  fer brûlant dirigeant le joug.
Il manque AuPaf la science du gouvernement qui permet de doser au plus juste le fort et le doux.
LePaf n’est pas Machiavel.

Et il soupire.
Bien que ne manquant pas de divertissements, il se dit qu’il est roi plein de misère.
Il ne songe pas abdiquer bien sûr mais peut-être faudrait il envisager quelques courts instants de régence afin que LePaf se retire ponctuellement en lui-même pour y retrouver l’énergie et la clarté d’esprit nécessaires à sa mission.
Et c’est pour ça, ChèreEpouse, qu’il est de la plus grande nécessité qu’il puisse rejoindre ce soir ses amis au bistrot.





LePaf pratique :
Comme il m’est arrivé de le faire, je vais vous renvoyer à quelques livres rencontrés lors de nos  (MonAiné et moi) passages à la médiathèque.

vendredi 3 juin 2011

LePaf se tâte.
Eduquer ses enfants lui pose problème.
Maintenant qu’on se connait un peu, ceci ne sera pas pour vous surprendre.
Ses dernières peurs sont au sujet de pulsions mauvaises qu’il craint de développer chez ses enfants.
Un de ces soirs pas très récents on lui expliquait que l’esprit de compétition c’est le péché originel et le ventre fécond d’où nait… enfin vous connaissez l’histoire.
L’esprit de compétition mine les saines valeurs du vivre ensemble, impose la lutte sans fin, le darwinisme social et autres horreurs en odeur de saleté.
C’est bien embêtant.
Car, voyez-vous, MonTerrible est très réactif à ce type de stimulants.
Si on ne peut plus le faire finir son assiette à coup de « chiche », le pousser dans la baignoire en criant prem’s, on va perdre un temps fou.
Depuis une nouvelle cognée de certitudes est venue frapper LePaf sur l’autre flanc.
Un de ces soirs plus récent, on me soutient cette fois que l’esprit ce compétition est indispensable à la survie d’une société.
Quelque chose comme une colonne vertébrale sans laquelle nous régresserions en mollusque.
Refuser la compétition serait le plus sur moyen de nous faire déraper sur le chemin qui mène de la décadence au chaos.
Mais alors, dois-je forcer MonAiné au physique plus gracile que son cadet à retourner se faire secouer comme un prunier aux compétions de judo d’où il est sorti aussi amoché que larmoyant ?
Me faut-il considérer ses résultats que sous l’angle du classement et faire la fine bouche devant un 18 sous prétexte qu’il se trouve quatre personnes devant lui ?
Et de redouter la prochaine conversation lui montrant quel nouveau mauvais ver il aura introduit dans les divers fruits des ses entrailles. 




LePaf pratique :
MonTerrible étant, vous l’aurez compris, de ceux que la joute sportive stimule, il participera très bientôt aux foulées du marais, dont je me permets de faire la promotion ici.